Le film "Les Ensorcelés" pose une ambiguïté dès son titre, laissant le spectateur se demander s'il s'agit de l'opposition entre deux personnages ou des deux aspects de la personnalité de Jonathan Shields, un producteur de cinéma charmeur mais également abject. Ce portrait, inspiré de David O'Selznik, est celui d'un homme fragile qui a souffert dans son enfance et qui est prêt à tout sacrifier pour réussir, y compris manipuler et trahir les personnes qui l'entourent. Le film est découpé en trois flash-backs, chacun représentant un étage de la descente morale de Shields, et inspiré de personnages réels tels que Val Lewton, Diana Barrymore et le couple F. Scott et Zelda Fitzgerald. La mise en scène élégante, les éclairages significatifs et les décors soignés, qui ont valu plusieurs Oscars, plongent le spectateur dans le monde du cinéma hollywoodien, avec ses coutumes, ses règles et ses excès. Les interprétations des acteurs, notamment Kirk Douglas et Lana Turner, sont excellentes et rendent compte de la complexité des personnages. Le film est un drame hollywoodien classique qui explore les coulisses du cinéma, les pouvoirs et les contraintes qui régissent ce monde, et qui met en exergue la qualité exceptionnelle de la direction d'acteur de Vincente Minnelli. Malgré quelques critiques qui pointent une certaine prévisibilité et un manque de tension, "Les Ensorcelés" est considéré comme un chef-d'œuvre incontestable et un sommet de l'œuvre cinématographique de Minnelli.