Le cinéma roumain démontre une fois encore son exceptionnelle vitalité avec "Illégitime" d'Adrian Sitaru, qui s'inscrit dans la lignée de réalisateurs tels que Cristian Mungiu et Corneliu Porumboiu. Ce film audacieux aborde des sujets lourds tels que l'avortement et l'inceste, les traitant avec une forme quasi-documentaire et des longs plans-séquences qui plongent le spectateur dans l'intimité dérangeante d'une famille. La première scène, où un repas de famille tourne mal, est particulièrement forte, évoquant les films de Pialat ou de Lars von Trier. Cependant, le dénouement est parfois jugé trop apaisé et optimiste, ce qui contredit le ton général du film. La mise en scène, bien que brutale et réaliste, est parfois critiquée pour son manque d'esthétique et son caractère étriqué. Malgré ces réserves, "Illégitime" réussit à poser des questions philosophiques et métaphysiques fondamentales sur le bien et le mal, le légal et le légitime, et à explorer la réalité de la société roumaine post-communiste. Le film est donc à la fois un cinéma de combat et une œuvre qui interroge les valeurs sociétales, même si son traitement formel et son hermétisme peuvent laisser certaines personnes perplexes.