Le film "Comme si de rien n'était" de Eva Trobisch aborde un sujet difficile, celui du viol, avec une approche originale et nuancée. L'héroïne, Janne, interprétée par Aenne Schwarz, est une femme forte et indépendante qui refuse de se laisser définir par le traumatisme qu'elle a subi. Elle choisit de faire comme si rien ne s'était passé, de nier l'évidence, et de poursuivre sa vie comme avant. Cette attitude est à la fois admirable et inquiétante, car elle cache une douleur et un malaise profonds. Le film explore avec subtilité l'ambivalence de ce comportement, sans juger ni stéréotyper les personnages. L'agresseur, en particulier, est dépeint comme un être complexe, pitoyable plutôt que méchant. La réalisatrice évite de sombrer dans la démonstration ou la morale, préférant suivre le parcours de Janne avec opiniâtreté et empathie. Le résultat est un film poignant et percutant, qui interroge la capacité de l'être humain à faire face à l'adversité et à se reconstruire. Malgré quelques faiblesses, notamment une structure narrative parfois décousue, le film est porté par la performance exceptionnelle d'Aenne Schwarz et par la direction d'acteurs impeccable d'Eva Trobisch.