Le film "Chroniques d'Haïfa" de Scandar Copti est une œuvre intense et complexe qui explore la vie d'une famille palestinienne à Haïfa, une ville où les divisions sociales et géographiques sont omniprésentes. Le réalisateur choisit une temporalité fragmentée et des points de vue multiples, créant une dissonance cognitive qui oblige le spectateur à questionner sans cesse ce qu'il voit et à ressentir le trouble d'un quotidien sous tension. Le film met en lumière les difficultés des femmes dans une société patriarcale, où elles subissent le contrôle de leur corps et la privation de leur liberté, prise en étau entre les normes sociales, communautaires et politiques. Malgré quelques difficultés de compréhension dues à un montage parfois confus et à une narration déconstruite, le film est un geste de cinéma audacieux et nécessaire, qui ose complexifier les représentations et rappeler combien le quotidien le plus banal est inexorablement compromis par les lignes de fracture de l'histoire et du pouvoir. Les acteurs, pour la plupart non-professionnels, livrent des performances d'une sincérité saisissante, et le scénario, d'une intelligence remarquable, évite les facilités narratives pour embrasser toute la complexité des liens familiaux, sociaux et politiques. En fin de compte, le film est un chef-d'œuvre d'humanité qui captive par la force de son scénario et qui fait réfléchir autant qu'il émeut.