Le premier long-métrage de Zhang Yimou, "Le Sorgho Rouge", est une œuvre visuellement époustouflante qui impose déjà les ambitions esthétiques du cinéaste chinois. Avec une mise en scène traditionnelle mais simple, le film colle parfaitement à la simplicité et à la rudesse de l'existence des paysans producteurs de vin de sorgho rouge. Les images sont somptueuses, jouant sur une opposition rude des couleurs, notamment le rouge, couleur dominante qui accentue la violence des dernières minutes. Gong Li, dans son premier rôle, est magnifique et sublime, illuminant le film de sa beauté et de son talent. L'histoire, une forme de conte avec plusieurs parties, est poétique et violente, avec une première partie lente et enjouée, suivie d'un final dramatique et tragique face à l'envahisseur japonais. Le film est une réussite totale, cohérente et simple, incroyablement beau, avec une photographie merveilleuse et une bande-son excellente. C'est un modèle de sobriété et de classicisme, qui nous entraîne dans une Chine rude et rurale des années 30, avec des personnages attachants et profondément humains. Malgré quelques imperfections, notamment un scénario parfois étiré et des dialogues sans exception, "Le Sorgho Rouge" est un chef-d'œuvre du cinéma chinois à ne pas manquer.