Le film "Les Musiciens de Gion" de Kenji Mizoguchi est une œuvre maîtresse qui explore la condition féminine dans le Japon d'après-guerre, en particulier dans le monde des geishas. Le réalisateur propose une vision cruelle et sans complaisance de la société japonaise, où les hommes apparaissent comme des êtres cupides et machistes, tandis que les femmes sont emprisonnées dans leur statut et subissent la pression sociale. Le film suit l'histoire de deux geishas, Eiko et Miyoharu, qui luttent pour survivre dans ce monde codifié et fantasmé, où la tradition et l'honneur sont synonymes de soumission et de dépendance. La mise en scène de Mizoguchi est parfaite, avec des cadrages qui enferment les personnages dans un espace restreint, soulignant leur état de prisonnières de leur statut. Les acteurs sont excellents, avec des performances nuancées et émouvantes. Le film est un chef-d'œuvre du cinéma, qui mérite d'être vu et revu pour son analyse profonde de la condition féminine et son critique de la société japonaise, avec une élégance et une simplicité qui le rendent intemporel. Le thème de la dualité entre la fascination et la vulnérabilité des geishas est particulièrement intéressant, et les parallèles avec d'autres cultures sont éclairants. Le film est une œuvre féministe avant l'heure, qui dénonce la domination masculine et les dérives du patriarcat, tout en célébrant la solidarité et la compréhension entre les femmes.