Le film "La Bocca del Lupo" propose une atmosphère étrange et poétique, mêlant l'histoire d'un mafieux sicilien, Enzo, et de son compagnon, un transsexuel, dans une narration elliptique et émouvante. La façon dont le réalisateur, Pietro Marcello, combine des images d'archives disparates et des témoignages poignants crée une émotion intense et procure une sensation de bonheur malgré la tragédie des personnages. Le film est une ode à l'amour et à la ville de Gênes, dont les ruelles étroites et les docks abandonnés sont magnifiquement filmés. Le montage étourdissant et le travail sur la couleur rappellent le style de Jean-Luc Godard, tandis que la construction du film est à la fois élégiaque et inclassable. Certains spectateurs ont été déçus par le style faussement documentaire et la multiplication des emprunts à l'INA local, mais pour la plupart, le film est une réussite, poignant et émouvant, qui interroge le sens que chacun met dans son propre temps passé. Le film est une œuvre à part, qui défie les classifications et les attentes, et qui offre une vision unique et poétique de la ville et de ses habitants.