Les Portes de la Nuit, réalisé par Marcel Carné et scénarisé par Jacques Prévert en 1946, est un film complexe et multiple qui peine à trouver son équilibre. D'une part, l'association mythique entre Carné et Prévert promet une œuvre exceptionnelle, mais d'autre part, le film est entaché de défauts tels que des dialogues ampoulés, un jeu d'acteurs inégal et une intrigue qui manque de tension. Le film explore le thème de l'errance et de la recherche du bonheur dans un Paris d'après-guerre sombre et troublé, avec le personnage du Destin, incarné par Jean Vilar, qui personnifie la fatalité qui pèse sur les protagonistes. Malgré une atmosphère poétique et pessimiste bien rendue, le film est gêné par des longueurs et des passages mièvres, ainsi que par des choix de casting qui n'ont pas été ceux escomptés, Yves Montand et Nathalie Nattier remplaçant Jean Gabin et Marlène Dietrich. Cependant, les seconds rôles, notamment ceux de Serge Reggiani et Pierre Brasseur, sont convaincants, et la musique de Joseph Kosma, notamment la chanson "Les Feuilles mortes", est enchanteresse. En somme, Les Portes de la Nuit est un film inégal qui mérite d'être redécouvert pour son atmosphère unique et sa peinture précise du Paris d'après-guerre, mais qui ne figure pas au panthéon des meilleurs films de Carné et Prévert.