Le film "Une si jolie petite plage" d'Yves Allégret plonge le spectateur dans une ambiance ténébreuse et désespérante, avec une petite cité bretonne pluvieuse et venteuse qui sert de décor à l'intrigue. Le personnage principal, interprété par Gérard Philipe, est un homme tourmenté qui revient sur les lieux de son enfance, fuyant un geste fatal qu'il a commis à Paris. Le film explore le thème de la désillusion et de la vie gâchée, avec des personnages qui véhiculent l'image d'une jeunesse volée. Malgré une mise en scène habile et une photographie dépressive, le film peine à convaincre, son rapport entre la mise en scène et le psychologisme étant trop conventionnel et emphatique. L'interprétation de Gérard Philipe, bien que douloureuse, entretient des symboles et des indices psychologiques grossiers, ce qui empêche le film d'atteindre un réalisme humain et une émotion authentique. Le film est un exemple typique du cinéma d'après-guerre, sombre et noyé de désespérance, mais avec des qualités certaines, comme la création d'une atmosphère infiniment triste et presque envoûtante, qui font de lui un film important des années 40, méritant d'être (re)découvert.