Le dernier film de Kenji Mizoguchi, "La Rue de la honte", est une étude réaliste et poignante de la vie de prostituées dans un quartier de Tokyo, à une époque où une nouvelle loi visant à interdire la prostitution est en discussion. Le film dresse un portrait sensible et nuancé de ces femmes, sans les juger ni les condamner, mais en montrant leur dignité et leur humanité face à des circonstances difficiles. Avec une mise en scène élégante et une photographie en noir et blanc de grande qualité, Mizoguchi capture la complexité de leurs vies, entre la cruauté de la société et la beauté de leur résilience. Le film est une critique sociale profonde de la société japonaise de l'après-guerre, où la pauvreté et l'hypocrisie sont dénoncées avec justesse et talent. Les personnages sont complexes et attachants, avec des histoires personnelles qui les rendent uniques et touchantes. Le film est un chef-d'œuvre de la cinématographie japonaise, qui offre une plongée désespérante et lucide dans le monde de la prostitution, sans jamais tomber dans le pathos ou la misérabilisme. La réalisation de Mizoguchi est magistrale, avec une maîtrise parfaite de la lumière, du cadrage et du montage, qui fait de "La Rue de la honte" un film incontournable et émouvant.