L'autre côté de l'espoir, le dernier film d'Aki Kaurismäki, est une œuvre à la fois déroutante et touchante, qui aborde le sujet de l'immigration avec une sensibilité et une lucidité rares. Le réalisateur finlandais nous propose un univers atemporel, peuplé de personnages cabossés par la vie, mais intraitables en humanité, qui nous font réfléchir sur le rapport de l'Europe aux migrants et sur la capacité à les intégrer. Le film est une comédie satyrique qui dénonce l'hypocrisie ambiante face à l'immigration, sans jamais tomber dans le moralisme ou la démagogie. Avec une économie de moyens et une maîtrise formelle quasi-parfaite, Kaurismäki nous offre un film qui est à la fois une fable et un plaidoyer pour la solidarité et l'entraide. Les personnages, joués par des acteurs qui bougent de façon manichéenne et parlent sans mettre l'intonation, créent des scènes cocasses et émouvantes qui délaissent chronologie et réalisme. Le film est une réussite, mélancolique et drôle à la fois, engagé et léger, qui nous fait ressortir plus beaux à l'intérieur, en nous ayant fait comprendre un peu mieux le monde et les humains. L'espoir est la trame de ce film, qui nous montre les péripéties de ses protagonistes sous un œil bienveillant, mais sans être paternaliste ou moralisateur, et nous propose un espoir qui nous est offert, pas demandé.