"Une femme douce" de Sergei Loznitsa est un film qui nous plonge dans un univers kafkaïen et inhumain, où règnent la corruption et la médiocrité. L'histoire suit une femme qui décide de se rendre dans une prison éloignée pour remettre en mains propres un colis à son mari incarcéré, après que celui-ci lui ait été retourné sans explication. Au cours de son périple, elle rencontre une galerie de personnages originaux et dérangeants, dont des fonctionnaires retors, des policiers corrompus et des individus dénués d'humanité. Le film est une charge féroce contre la société russe contemporaine, qui semble être dévastée par l'absurde et la loi du plus fort. La réalisatrice ukrainienne utilise un style cinématographique singulier, avec des plans longs et une esthétique qui rappelle à la fois le documentaire et le film d'art et d'essai. L'actrice principale, Vasilina Makovtseva, incarne avec conviction la femme douce, qui oppose à l'absurdité et à la brutalité du monde qui l'entoure une détermination obstinée et un mutisme buté. Le film est certes long et parfois difficile à suivre, mais il est également habité par une énergie et une intensité qui le rendent inoubliable. La scène finale, qui se déroule comme un cauchemar, est particulièrement marquante et laisse une impression durable sur le spectateur. Globalement, "Une femme douce" est un film qui ne laisse pas indifférent, qui interroge et qui dérange, et qui constitue une œuvre importante dans la filmographie de Sergei Loznitsa.