La vie de Jésus, le premier film de Bruno Dumont, est une œuvre qui impressionne et bouleverse, montrant toute l'étendue du talent de son réalisateur. Le film est une peinture réaliste de la vie terne et monotone de jeunes chômeurs dans une petite ville du Nord de la France, où l'ennui et la routine sont omniprésents. La mise en scène est lente et précise, dressant le portrait d'un jeune provincial amoureux, désœuvré et jaloux, capable du meilleur comme du pire. Le film est une chronique de la vie quotidienne de ces jeunes, filmée avec une économie de moyens remarquable, sans fioritures ni effets, mais avec une grande authenticité. La radicalité et la crudité du film, qui donne une grande place à la chair et au son, sont impressionnantes, mais peuvent également être difficiles à supporter pour certains spectateurs. Le titre du film, La vie de Jésus, peut sembler mystérieux, mais il est peut-être lié à deux moments de grâce où les personnages demandent pardon, et où la caméra s'élève pour interroger les cieux. Le film est un manifeste pour l'existence des particularités, culturelles, sociales, physiques et langagières, et il montre que même dans la misère et le désespoir, il y a de la beauté et de la dignité. Avec ses non-acteurs et son style documentaire, Dumont crée un film qui est à la fois austère et exigeant, mais également poignant et touchant.