Le film "Frantz Fanon" de Abdenour Zahzah se distingue par son approche radicalement différente de la biographie du psychiatre martiniquais, en se concentrant sur les années 1953-1956 où il a travaillé à l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. Cette période est cruciale pour comprendre comment Fanon a développé ses théories sur l'aliénation psychique sous le colonialisme et a commencé à élaborer ses idées révolutionnaires. Le film met en scène avec sobriété la mise en pratique de la psychothérapie institutionnelle, inspirée de François Tosquelles, et montre comment Fanon a tenté de "soigner" l'hôpital lui-même, en promouvant une approche humaine et respectueuse envers les patients. Malgré quelques limites, notamment le manque d'exploration de l'engagement politique de Fanon et du contexte insurrectionnel de l'époque, le film offre une vision puissante de la pensée décoloniale de Fanon et de son impact sur les patients et le personnel soignant. La réalisation, dans un noir et blanc épuré, renforce l'atmosphère rétro et authentique, et les interprétations, même si elles sont parfois inégales, contribuent à donner vie à cette période charnière de l'histoire. Le film peut être considéré comme un complément nécessaire aux autres œuvres sur Fanon, offrant une perspective unique sur la vie et la pensée de ce psychiatre visionnaire.