Ce film uruguayen, intitulé Whisky, est une œuvre toute en douceur qui distille avec humour une profonde mélancolie, malgré une première impression de lenteur et de routine. Les personnages, usés et silencieux, mènent une vie terne et routinière, mais derrière leurs gestes mécaniques, les réalisateurs captent avec sensibilité les moindres signes d'émotion ou de surprise. Le film est une chronique minimaliste, avec peu de dialogues et de psychologie, mais qui parvient à nous faire ressentir ce qui se passe dans l'univers intérieur des personnages, notamment celui de l'ouvrière Marta, qui évolue progressivement tout au long du film. La force des cinéastes réside dans leur capacité à laisser un grand espace de liberté pour l'imagination du spectateur, ce qui rend le film à la fois drôle et touchant, sans jamais être misérabiliste ou complaisant. La mise en scène sobre et efficace, ainsi que le jeu des acteurs, contribuent à faire de ce film un petit bijou qui mérite d'être découvert, même si son ton mélancolique et sa lenteur pourraient ne pas plaire à tous les spectateurs.