Ce film coréen, aux thèmes universels et culturels européens, offre une plongée dans l'intimité des personnages, rappelant le cinéma de Rohmer ou de Varda. L'histoire, construite autour d'un film dans le film, nous entraîne dans une zone d'insécurité permanente, où les sentiments et les émotions sont instables. Le jeu de l'acteur principal, interprétant un personnage aux troubles de la personnalité, est troublant, et la mise en scène, élégante et dépouillée, nous fait découvrir les actes, les aspirations et les fantasmes des personnages. Le film explore les zones de non-dits, loin des déterminismes habituels, et nous propose un thriller au ralenti, où les personnages principaux nous entraînent dans une errance sentimentale. Le cinéaste, Hong Sang-soo, nous offre un cinéma lumineux, évident et mélancolique, qui nous fait réfléchir à la place de la fiction dans la réalité, et à la façon dont les émotions et les sentiments peuvent être manipulés. L'utilisation du zoom, inhabituelle, accentue la difficulté d'être avec le monde et dans le monde, et nous fait ressentir la caméra comme un élément actif de l'histoire. Le film, qui peut sembler banal à première vue, se révèle être un exercice subtil et intelligent, qui explore les obsessions de l'artiste coréen et les rapports hommes/femmes.